jeudi 22 février 2007

Y a-t-il un fossé générationnel entre les bibliothécaires ?

C'est en cherchant de la documentation pour mon travail de session dans le cours de Marketing des services d'information (BLT6318) que je suis tombée sur un article français très intéressant intitulé "Le fossé des générations: Cinq générations de bibliothécaires" écrit par Dominique Lahary et publié en 2005 dans le Bulletin des Bibliothèques de France. Je cherchais en fait de l'information sur l'image des bibliothécaires afin d'établir un plan de communication fictif pour la Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec (CBPQ) qui permettrait de rehausser la visibilité et la notoriété de la profession. Mais quoi de mieux que de s'informer sur la perception qu'ont les bilbiothécaires entre eux pour débuter mon exploration ?

Les résultats de l'étude, quoique pas totalement valides et fidèles au sens de notre cours de méthodologie (BLT6060), recueillent les perceptions des répondants sur leur propre génération et sur les générations plus anciennes et plus récentes qu'eux. L'auteur dresse un portrait des bibliothécaires scindé en cinq tranches d'âge.

Les anciens, né avant 1946, sont les précurseurs de la "bibliothèque moderne". Ils ont combattu la vision élitiste de la bibliothèque, établi des normes et des méthodes, fondé des missions, dressé des inventaires et assuré la garde du patrimoine. Ce sont les fondateurs de la bibliothèque au centre de la vie culturelle des municipalités.
Les quincagénaires, né de 1946 à 1955, sont la génération militante. Ils sont la "génération 68", ceux qui ont cru à la participation de l'état, à la démocratisation de la lecture et à l'accès aux savoirs. On retient d'eux la participation et l'engagement à l'accroissement des collections. Ils ont le sens du travail d'équipe et la volonté d'améliorer leurs conditions.
Les quadragénaires, né de 1956 à 1965, font partie de la première génération de bibliothécaires gestionnaires. Ceux-ci voient l'intérêt de rationaliser les ressources devant le développement de plus en plus rapide des collections, des services et des équipements et de remettre de l'ordre dans les organisations. Pour eux, le marketing et la compréhension des publics sont essentiels au bon fonctionnement de leurs institutions.
Les trentenaires, né de 1966-1975, sont les initiateurs de l'implantation des nouvelles technologies dans les services d'information. Ils ne voient plus le livre comme le support central de la bibliothèque. Leur préoccupation: diffuser les contenants, peu importe la forme, pour mieux rendre accessible les contenus. Ils sentent qu'ils se doivent de connaître et de maîtriser les supports pour mieux proposer l'information à leurs clientèles.
Finalement, les benjamins, né à partir de 1976, se tournent naturellement vers la satisfaction des besoins de la clientèle plutôt que vers les documents et leur valeur. Ils croient que le développement des activités d'animation et les partenariats avec les écoles, les centres de loisirs et les centres culturels sont les meilleurs moyens de transmettre la culture et de réussir à bien cibler et à accroître les clientèles. Ils doivent être polyvalents dans leurs tâches : on leur demande d'être gestionnaires, informaticiens, blibliothécaires tout à la fois. Mais, ils sont aussi de plus en plus individualistes et les causes et missions sociales ne les emballent pas autant que leurs aînés.

L'auteur précise que les générations de bibliothécaires sont marquées par les évènements qui sont survenus durant leur période de formation et par leur formation elle-même. Cependant, qu'il y ait des différences dans leur formation, dans leur attitude politique, dans leur rapport à la technologie, à la technique, à la mondialisation, au livre et à la culture, dans leurs relations avec le public et les usagers, dans leurs attentes et les possibilités pour leur emploi, leur statut ou leur carrière, les générations de bibliothécaires font bon ménage. L'auteur conclue son article en notant la complémentarité intergénérationnelle soulignée par les répondants. "La culture postfigurative dans laquelle les enfants sont instruits avant tout par leurs parents, configurative dans laquelle les enfants comme les adultes apprennent de leurs pairs, et préfigurative dans laquelle les adultes tirent aussi des leçons de leurs enfants". (Margaret Mead)

Suite à ce bref tour d'horizon, je vous invite à lire vous aussi cet article très interessant qui est beaucoup trop élaboré pour être résumé en si peu de mots. Dans quelle génération vous situez-vous ? Moi, je suis sans aucun doute une benjamine...

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Super intéressant comme article. Bien que mon âge me place parmi les benjamins, mon intérêt pour les nouvelles technologies me pousse vers les trentenaires. J'ai surtout retenu cette citation: "diffuser les contenants, peu importe la forme, pour mieux rendre accessible les contenus." Le Web a beaucoup changé la perspective sur la nature que peut prendre le contenu. Je crois donc qu'on ne doit pas se préoccuper de la forme, mais plutôt des informations qu'elle transporte.

Sylvie a dit...

J'ai dû avoir quelques vies parce que mes préoccupations me placent dans plusieurs générations en même temps ! En fait, je crois que l'important est d'avoir une vision globale des enjeux.
Je suis d'accord avec Patrick. Par contre, il ne faut pas oublier que la forme a un impact sur le contenu ou sur son utilisation. Je suis une enthousiaste des nouvelles technologies, mais je crois également qu'elles participent à modifier notre rapport à l'information... bon projet de recherche doctorale... Qui se lance ?

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